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Un blog où je vous fais partager mes chroniques littéraires, mes coups de coeur, j'essaie de mettre en lumière des romans, des livres qui semblent dans l'ombre. Je suis une amoureuse des mots assemblés, de ces personnages de romans que l'on croise, que l'on rencontre dans nos vies.Tous ces mots qui nous enveloppent sans cesse et que l'on n'ose pas dire, qu'on n' arrive pas à écrire, qu'on garde au fond de nous comme des larmes et qu'on retrouve dans les livres. Une page pour partager l'art littéraire, parce que l'art c'est ce qui nous fait respirer et qui nous sauve de tout.

27 Jan

Les roches rouges d'Olivier Adam

Publié par Sansfin

Les roches rouges d'Olivier Adam

Les roches rouges d’Olivier Adam sont comme les braises d’un incendie intérieur. C’est l’histoire de jeunes accidentés de la vie, il y a Leila, maman de Gabi, malheureuse avec Alex alors elle se console avec Antoine qui porte un lourd secret. Il y a Lise, la sœur d’Antoine qui survit après un drame familial.Trois personnages torturés qui cherchent à fuir leur quotidien et leur passé. Ils sont éreintés d’être sans cesse sur le qui-vive, de ressentir cette brûlure immuable dans le ventre alors ils vont risquer leurs vies pour se sauver du péril. Ils sont à bout de souffle mais ensemble, ils vont essayer d’apaiser les blessures béantes pour ne plus marcher au-dessus du vide.                                                                                                  Olivier Adam dépeint des morceaux de vie qui se brisent au fil des pages, des histoires qui battent de l’aile, des âmes à fleur de peau, des personnages dans l’empêchement de vivre comme un arrachement à la sérénité. C’est une écriture vertigineuse qui colle à la peau, le romancier cherche à donner du sens à ce qui existe et cela crée de l’empathie chez le lecteur. On est épris par une avalanche d’émotions, tout est construit sur le fil du rasoir et chaque mot écorche. Au cœur des pages, on prend conscience de la dureté d’une existence au moment où l’insouciance se perd, que la pureté à laisser place à des fractures et que la seule manière de s’en sortir est d’apprendre à vivre avec et d’en puiser une force.

Jusqu’à quand pourront-ils prendre sur eux ? Quelles sont les limites à ne pas dépasser pour ne pas qu’ils sombrent ?

Les personnages sont des survivants, des combattants, on aurait envie de passer du temps avec eux pour leur dire à quel point ils sont attachants et admirables.                                    Un roman social et sombre sur la violence conjugale, sur le harcèlement, sur la fuite, sur la fragilité des choix, sur les faillites intérieures, sur la culpabilité.

Comme le disait Leonard Cohen : "Il y a une fissure, une fissure dans tout, comme ça, la lumière peut entrer."                                                                                                                  Un roman sublime et poignant à ne surtout pas manquer. Olivier Adam marque son empreinte comme toujours.

 

Extraits du roman ;

 

Leila

"J’inaugure ce carnet. Je ne sais même pas pourquoi. Peut-être parce que je n’ai rien d’autre à faire. C’est Antoine qui me l’a tendu avant-hier, sous un beau papier cadeau. Je lui ai demandé pourquoi il m’offrait un truc pareil. Il a répondu qu’il l’avait vu dans une boutique et qu’il avait pensé à moi. Qu’il l’avait trouvé joli. Ça m’a séchée qu’il ait eu cette idée en le voyant dans une vitrine. Ça m’a touchée, aussi. Depuis quand quelqu’un n’avait pas pensé à moi ? Je veux dire : vraiment. Même si, franchement, ce carnet, je ne vois pas le rapport. Mais c’est vrai qu’il est beau. Avec sa couverture en papier coloré. Du papier japonais, il paraît. J’ai dis OK, c’est joli, mais qu’est-ce que tu veux que j’en fasse ? Je sais pas, il a répondu. Tu pourrais noter des trucs dedans. Tenir un genre de journal. Je me suis marée. Un journal ? J’ai une gueule à tenir un journal ? Pour qui tu me prends ? Et puis je l’ai rangé dans mon sac et on n’en a plus parlé. Mais depuis, j’avoue, ça me trotte dans la tête. Et aussi cette phrase que nous avait dite un prof un jour, qu’il tenait de quelqu’un d’autre, un réalisateur ou un écrivain, je me souviens plus : "La vie est faite de morceaux qui ne se joignent pas." Elle est putain de vraie, cette phrase. Surtout pour moi. Alors c’est peut-être pour ça finalement que je l’ai ouvert, ce carnet, que j’ai pris un stylo et que je commence à écrire dedans. Pour que les morceaux se joignent un peu pls. Parce que ma vie est un sacré bordel. Et que j’ignore comment j’en suis arrivée là."

 

 

Antoine

"Je vais devenir dingue à tourner en rond comme ça dans ma chambre. Même si je crois bien que taré, je le suis déjà. Il n’y a qu’à voir les tas de médocs que je m’envoie toute l’année. Pourquoi je m’acharne comme ça, je n’en sais rien. Je sais juste que je ne mérite pas de vivre. Ces derniers temps je crois que c’est Leila qui me fait tenir. Même si ça peut pas mener bien loin, notre histoire. Elle croit que je suis quelqu’un d’autre. Elee a huit ans de plus que moi. Elle est maquée. Elle a même un gosse que j’ai jamais vu. Et que je ne tiens pas à rencontrer. De toute façon, si elle savait ce que j’ai fait, elle ne me laisserait pas le toucher ou lui parler, ni même le regarder."

 

Leila

"Gabi dort. Et je ne sais pas ce que je fous là. Sur mon téléphone, les messages tombent à la vitesse d’une mitraillette. Des insultes en rafale. Des menaces. Des supplications. Alex souffle le chaud et le froid. Écrit qu’il va nous faire la peau. Puis que je n’ai qu’à rentrer avec le petit et que tout sera oublié. J’arrête de voir ce petit con qu’il a bien amoché et on en parle plus. On repart à zéro. Il fera des efforts. Il sait qu’il a déconné ces derniers mois, ces dernières années. Qu’il me traite pas bien. Qu’il ne s’occupe pas assez du petit. Qu’il ne me laisse pas assez libre. Il va se reprendre. Me couvrira de cadeaux. M’offrira une belle maison. Des vacances. Dans certains SMS il prétend qu’il n’est rien sans moi, qu’il m’aime plus que tout, qu’il ne veut pas me perdre. Dans d’autres il me traite de pute, de traînée, répète que je ne perds rien pour attendre, qu’il va m’apprendre la vie, le respect, l’obéissance. D’ailleurs il sait où je suis. Il arrive.Qu’est-ce que je fous là ? Chez les parents d’un garçon de dix-huit ans. Ils paniquent et c’est normal. Mais ils sont gentils. Surtout avec Gabi. Lui, il est aux anges. Il n’est pas habitué à ça. Les jouets que le père d’Antoine a sortis. La balançoire et la cabane dans le jardin. Les tas de livres pour enfants que la mère lui a refilés. Sa housse d’oreiller Cars. À qui tout ça peut bien appartenir ? À la sœur d’Antoine je suppose. Elle doit avoir un gosse. Si j’ai bien compris elle ne fout plus les pieds ici. Ils ne se voient plus. Ils ont dû s’engueuler à un moment ou à un autre."

 

Antoine

"Je crois que je m’en lasserai jamais, de la regarder. Je crois que je cesserai jamais d’être surpris par sa beauté. D’être ému par le moindre de ses gestes, ses petites mimiques, ses manies. Mais elle, qu’est-ce qu’elle fout avec moi ? Comment peut-elle croire que je suis capable de la protéger, de l’emmener quelque part, de la mettre à l’abri, de lui offrir quoi que ce soit de plus ou de mieux que son mec ? Putain, elle a bien vu que je vivais chez mes parents, que j’ai tout juste dix-huit ans, que je suis qu’un putain de loser qui débloque. Elle sait que je lui ai menti sur tout. Depuis qu’on roule elle ne m’a pas posé la moindre question. Plusieurs fois elle a lâché le volant pour me caresser la joue du bout des doigts, m’écarter du front une mèche de cheveux. Elle m’a même pas demandé où on allait exactement. Après qu’on a quitté la maison de mes parents j’ai eu une illumination, je lui ai dit que je connaissais un endroit où on serait peinards et ça a semblé lui suffire."

 

 

 

 

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