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Un blog où je vous fais partager mes chroniques littéraires, mes coups de coeur, j'essaie de mettre en lumière des romans, des livres qui semblent dans l'ombre. Je suis une amoureuse des mots assemblés, de ces personnages de romans que l'on croise, que l'on rencontre dans nos vies.Tous ces mots qui nous enveloppent sans cesse et que l'on n'ose pas dire, qu'on n' arrive pas à écrire, qu'on garde au fond de nous comme des larmes et qu'on retrouve dans les livres. Une page pour partager l'art littéraire, parce que l'art c'est ce qui nous fait respirer et qui nous sauve de tout.

01 Nov

Ma reine de Jean-Baptiste Andréa

Publié par Sansfin

Ma reine de Jean-Baptiste Andréa

"Ma reine" de Jean-Baptiste Andrea c'est comme un bonbon qui fond dans la bouche, on se délecte de la pureté de ce roman initiatique, de ce gamin attachant au fil de l'histoire.                                                Shell, un garçon de douze ans décide de s'enfuir de la station-service de ses parents parce qu'il ne se sent plus à sa place, considéré comme différent des autres, il fuit la peur d'être abandonné par ses parents. Il veut se prouver qu'il peut acquérir de la maturité en étant autonome. Il va se réfugier sur le plateau qui surplombe la vallée de l'Asse dans les Alpes de Haute-Provence, et c'est ici que Viviane va venir à sa rencontre lui donner un nouveau souffle.Shell va partager également son errance avec un vieux berger qui va le protéger et le guider vers ses espérances. Son admiration pour elle va le sortir de l'ordinaire, l'éloigner du quotidien. Viviane va faire éclore l'impossible, avec sa personnalité fantasque et ses inventions fulgurantes. Shell va croire en cette nouvelle réalité. Shell va se soumettre à chacune des idées intrépides de Viviane, il va apprendre à tester ses limites, à ressentir la vie au-delà de ses émotions et de ses sentiments. Mais jusqu'où sa dévotion va le mener ?

 

Un roman qui rappelle le style d'écriture de J.D. Salinger dans "l'attrape- cœurs." Shell tient au fil des pages le flambeau des souvenirs, des blessures de l'enfance. Une histoire émouvante, subtile, magnétique racontée par l'esprit et les ressentis d'un adolescent.

Un irrésistible premier roman qui donne de la lumière à la vie et à nos rêves. Une pépite littéraire à ne pas manquer.

 

 

Extraits du roman :

 

 

"Ce soir-là ils ont appelé ma sœur. J'ai tout entendu à travers la porte. Ils croyaient parler à voix basse mais comme ils étaient tous les deux un peu sourds, à voix basse c'était presque à voix haute. Ils ont utilisé le gros téléphone de bakélite de la maison, la seule chose qu'on me laissait nettoyer parce que je ne pouvais pas le casser et qu'il n'y avait pas besoin d'eau. Je le frottais plusieurs fois par jour, il brillait comme du goudron frais, ça faisait du bien juste de le regarder. Et parce que je l'adorais, ce téléphone, j'ai eu l'impression qu'ils m'avaient trahi deux fois.Ils ont dit à ma sœur qu'elle avait raison, qu'ils étaient maintenant trop vieux pour s'occuper d'un gamin et qu'il fallait qu'elle envoie quelqu'un. Ils lui ont raconté que j'avais encore failli mettre le feu, moi je ne me rappelais pas que c'était déjà arrivé. Il y a eu un grand silence pendant que ma sœur parlait, et j'ai compris qu'on allait venir me chercher. Je ne savais pas quand, demain, dans un mois, dans un an, ça ne faisait pas une grande différence. On viendrait et c'était tout ce qui comptait. C'est ce jour-là que j'ai décidé de partir à la guerre."

 

 

"Autant le dire tout de suite, parce que de toute façon tout le monde le sait : la guerre, je n'y suis jamais arrivé. Si j'avais su, je serais resté chez moi à écouter le mistral qui me parlait à travers les parpaings comme tous les soirs. Il n'y aurait pas eu la suite. Mais il n'y aurait pas eu Vviane non plus, la reine aux yeux violents qui parlait comme tous les vents de tous les plateaux de tous les pays. C'était mieux que mon vent à moi qui me racontait toujours les mêmes histoires. Mais j'y reviendrai plus tard parce que là, Viviane, je ne l'avais pas encore rencontrée.

Au dîner j'ai anoncé à mes parents :

- Je m'en vais.

Mon père n'a pas répondu parce que son feuilleton venait de commncer. Ma mère m'a dit de finir mes lentilles et de ne pas parler la bouche pleine. C'était tant mieux,au fond, parce que s'ils m'avaient ordonné de rester je me serais dégonflé."

 

 

"C’est le soleil qui m’a réveillé, il appuyait sur mes paupières avec ses pouces chauffés à blanc. J’ai mis un bras en travers de mes yeux pour continuer à dormir. Il y avait un grand calme autour de moi, juste le bruit de l’air qui poussait sur la terre, mais au milieu de ce calme, il y avait quelque chose d’autre, une forme sculptée par le vent, et j’ai fini par ouvrir les yeux.
Elle me regardait, assise sur le rocher, le menton sur les genoux et les bras autour. J’ai sursauté et elle aussi. On s’est regardés sans trop savoir quoi faire.
J’ai cru que t’étais mort, elle a fini par dire.
Elle avait une drôle de voix rauque, une voix de femme qui n’allait pas avec son corps de fille. Elle était très mince, tellement qu’elle avait l’air de pouvoir se glisser entre deux rafales de vent sans déranger personne. Ses cheveux étaient courts et blonds avec une longue mèche sur le front, un genre de coupe de garçon. Mais ce sont ses yeux qui m’ont frappé, et quand je dis frappé j’ai vraiment eu l’impression de recevoir un coup, parce qu’ils avaient l’air en colère et que je n’avais rien fait.
J’ai répondu que non, je n’étais pas mort. Je voulais qu’elle me laisse tranquille, j’avais besoin de penser, c’était la première fois de ma vie que j’avais dormi loin de mes parents et il fallait que je réfléchisse pour comprendre ce que ça voulait dire, j’étais sûr que c’était important. Au lieu de me laisser tranquille, elle m’a regardé en fronçant les sourcils mais pas tout à fait comme le font les gens à qui je parle pour la première fois et qui ont toujours l’air étonné. Ça m’a énervé parce que c’était nouveau et que je n’aime pas trop ce qui est nouveau."

 

 

"Elle était tellement belle que que j'avais envie de me glisser dans sa peau et de devenir elle pour savoir ce que c'était. Puis j'ai pensé que je ne pourrais plus la voir si j'étais dans sa peau, sauf dans un miroir, et que ce serait peut-être mieux si c'était elle qui se glissait dans ma peau à moi. Je ne pourrais pas la voir non plus mais au moins je pourrais l'emmener partout."

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