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Un blog où je vous fais partager mes chroniques littéraires, mes coups de coeur, j'essaie de mettre en lumière des romans, des livres qui semblent dans l'ombre. Je suis une amoureuse des mots assemblés, de ces personnages de romans que l'on croise, que l'on rencontre dans nos vies.Tous ces mots qui nous enveloppent sans cesse et que l'on n'ose pas dire, qu'on n' arrive pas à écrire, qu'on garde au fond de nous comme des larmes et qu'on retrouve dans les livres. Une page pour partager l'art littéraire, parce que l'art c'est ce qui nous fait respirer et qui nous sauve de tout.

04 Dec

La tête sous l'eau d'Olivier Adam

Publié par Sansfin

La tête sous l'eau d'Olivier Adam
La tête sous l'eau d'Olivier Adam

Il n'y a rien de pire que de ne pas savoir, d'être dans l'attente, de vivre avec des incertitudes, d'imaginer ce que l'on redoute. Léa a disparu et sa famille vit en apnée, recluse dans sa souffrance et noyée par ce sentiment d'impuissance.                                                                  Il y a les lettres de Léa, poétique, incisive, remplis d'amour et de colère qui porte l'intrigue de ce roman. Il y a la voix de son frère, Antoine désabusé qui porte le chaos familial. La bobine des événements est une empreinte, les mots écorchent le ventre et l'âme comme un miroir qui se brise à l'intérieur. Chaque personnage essaie de retrouver son souffle pour éteindre cet incendie.                                                                                                                                        "La tête sous l'eau" d'Olivier Adam est un roman bouleversant et haletant. C'est une lecture qui coupe le souffle, chaque épreuve est une éruption émotionnelle. Et puis un jour, tout bascule, Léa est retrouvée, c'est une joie immense mais les circonstances de sa disparition vont plonger ses parents et son frère dans l'angoisse et la terreur. Comment vont-ils faire pour se reconstruire au milieu de tout ce qu'ils ont vécu et tout ce qu'ils vont découvrir ?                                          Olivier Adam a un don pour dépeindre les sentiments, les liens familiaux, les secrets enfouis, les blessures insaisissables, la noirceur qui fragilise nos vies. Tout est à fleur de peau, on cherche un écho à l'espoir. Chaque personnage essaie de retrouver une bouffée d'oxygène dans la pureté des paysages bretons pour ne pas broyer du noir.

Un sublime roman sur les liens familiaux, l'adolescence, la société écorchée par une peur insidieuse où chacun cherche l'équilibre. Une société livrée à elle-même où les autorités ne font que dénoncer des drames qui existent depuis toujours. Olivier Adam met en lumière des vies cabossées, les mots sont calibrés, vertigineux.

Une littérature qui exulte et qui marque le cœur et l'esprit. Ne manquez pas l'excellence littéraire d'Olivier Adam

 

 

Extraits du roman :

 

"Je marche vers la mer. Le soleil vient de faire son apparition. Au milieu des gros nuages anthracite, il repeint tout en tout en grands lambeaux émeraude ou turquoise. Mon père serait capable de parler pendant des heures de ce genre de phénomène, des changements brutaux du paysage au gré des marées, des nuages et du vent. Les eaux retirées et le sable comme un miroir. Les récifs dégoulinants laissés à nu. Le fracas des vagues contre la digue quand tout remonte. Ces derniers temps il n 'y a plus que ça qui retient son attention. La dernière chose à laquelle il s'accroche. Surtout depuis que ma mère a fait ses valises, pris un appartement, parce que, je cite, "la vie était devenue impossible à la maison." Elle lui reprochait tellement de choses. Son défaitisme, son mutisme, sa façon de se noyer dans ce boulot débile, et dans l'alcool le soir venu. Qu'il n'aille plus au groupe de parole, qu'il hausse les épaules quand elle lui demandait de l'accompagner au commissariat pour harceler l'inspecteur en charge de l'affaire, ou de l'aider à imprimer des avis de recherche et à coller encore et encore sur les poteaux et les vitrines des boutiques, ou même de relancer des journalistes, ses "copains" comme elle les surnommait, pour qu'ils refassent un article afin qu'on n'oublie pas Léa, que quelqu'un la reconnaisse quelque part et témoigne. Qu'on la retrouve enfin et qu'on nous la ramène. Qu'après son départ de la maison elle se soit mise à fréquenter Alain, l'agent immobilier qui nous a trouvé la baraque quand nous avons emménagé ici, n'a pas arrangé les choses. Je crois que mon père ça l'a achevé. Rendu dingue. Pas qu'elle le largue et refasse sa vie, mais qu'elle le fasse à ce moment précis et de manière aussi rapide. Qu'elle trouve cette énergie, cet élan, alors que sa fille avait disparu qu'on crevait de peur depuis des mois, que son absence recouvrait tout, la moindre seconde, le moindre millimètre de nos cerveaux réduits en charpie."

 

 

"Depuis des mois, tout est tellement silencieux et prostré. La maison s'est vidée peu à peu. D'abord Léa et ça, il a fallu s'y résoudre d'une manière ou l'autre. S'accommoder à l'idée que même si nous étions détruits, morts à l'intérieur, la Terre ne s'était pas effondré autour de nous. Que nous n'avions pas été immédiatement réduits en poussière et propulsés dans le noir infini de l'univers. Qu'il nous fallait continuer à respirer malgré tout. Nous nourrir. Nous lever le matin. Survivre. Jour après jour. Puis ma mère a pris un appartement et nous sommes restés seuls tous les deux, un père et son fils en tête à tête dans la maison remplie d'absence. Un père et son fils au milieu des cendres. Hébétés. Hagards. Presque des fantômes. Égarés dans les limbes."

 

 

'Laisse tomber. Je comprends. C'est sûrement plus facile pour moi. Je les déteste toujours autant mais de ce côté-là, mes parents sont réglos. Pas du genre obtus. Je vais tenter le coup pour les vacances de printemps Je vais repiquer ma crise. Refaire mon numéro. Mon père c'est déjà dans la poche. Il est tellement paniqué de me voir tiré une tronche d'enterrement du matin au soir depuis six mois. Six mois. Six mois que j'ai pas touché ta peau. J'ai oublié la douceur de ta bouche. Le goût de ta langue. WhatsApp,Snapchat,Skype, des fois je me dis que ça me fait plus de mal qu'autre chose. Te voir sans pouvoir te toucher. Te voir de l'autre côté de l'écran. Loin. Ça ne comble pas ce vide immense à l'intérieur. Il n'y a pas un instant où je ne pense pas à toi. Dans ma tête je suis tout le temps avec toi. J'aime bien ce truc qu'on fait. De lire les mêmes livres en même temps. De regarder les mêmes séries. Je voudrais pouvoir en parler pendant des heures avec toi après chaque page, chaque épisode. Même si c'est pour s'engueuler. Tu vas quand même pas tirer la gueule pendant cent sept ans parce que j'aime pas autant Riverdale que toi. Est-ce que moi je te reproche de pas accrocher à Orange Is The New Black ? Ou de pas hurler de rire en matant les clips de Christine and the queens ? Ou de pas kiffer les bouquins de Pete Fromn ?

Ok j'arrête là. On peut pas tout aimer pareil. Du moment qu'on s'aime pareil toi et moi.

Allez je te laisse. Mon père nous appelle. Dîner familial. Je vais me lancer. Leur faire peur. Leur imposer un ultimatum. Leur dire : "C'est les vacances à Paris ou moi." Non mais.

Kisses.

Léa "

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