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Un blog où je vous fais partager mes chroniques littéraires, mes coups de coeur, j'essaie de mettre en lumière des romans, des livres qui semblent dans l'ombre. Je suis une amoureuse des mots assemblés, de ces personnages de romans que l'on croise, que l'on rencontre dans nos vies.Tous ces mots qui nous enveloppent sans cesse et que l'on n'ose pas dire, qu'on n' arrive pas à écrire, qu'on garde au fond de nous comme des larmes et qu'on retrouve dans les livres. Une page pour partager l'art littéraire, parce que l'art c'est ce qui nous fait respirer et qui nous sauve de tout.

30 Sep

Le ciel par-dessus le toit de Nathacha Appanah

Publié par Sansfin

Le ciel par-dessus le toit de Nathacha Appanah

Le ciel par-dessus le toit de Nathacha Appanah fait écho au poème de Paul Verlaine, les personnages sont prisonniers de leurs émotions, blessés par des remords et tellement conscients de leurs faiblesses que les choses enfouies volent en éclats.                                        Il y a tant de questions que l'on se pose sans oser avoir les réponses, il y a tant de blessures qui écorchent et qui fragilisent une vie.

C'est une histoire familiale poignante et émouvante entre une mère Éliette et ses deux enfants Paloma et Loup. Le miroir de la vérité se brise au moment où Loup décide de rejoindre sa grande sœur qu'il n'a pas vue depuis dix ans. Il provoque un accident au volant de la voiture de sa mère en étant mineur, la police intervient et en une fraction de seconde tout bascule. Loup se retrouve incarcéré dans une maison d'arrêt et sa mère va devoir faire face à ses responsabilités.                                                                                                                            C'est le drame qui oblige les gens a essayé de comprendre, a changé. On tourne les pages et c'est une remontée dans le temps où les événements, les souvenirs rendent lumineuses les décisions prises dans la détresse.                                                                                              Loup est un garçon qui cherche un équilibre entre le réel et la fiction, il est submergé par ses émotions, alors il court en pensant qu'au bout du chemin, il y a encore de l'espoir. Loup joue avec les mots, les assemblent, les accordent en pensant qu'au final, ils seront moins lourd à porter.                                                                                                                                    Paloma a choisi de s'éloigner de sa famille suite à un événement, elle a pourtant essayé de nombreuses fois de reprendre contact pour que les choses s'adoucissent, mais sans réponse. Elle a appris à vivre dans le détachement pour ne plus culpabiliser, pour se protéger. Elle habite sa vie pour ne pas avoir de regrets.                                                                                        Phenix alias Éliette est en totale désapprobation de ce qu'elle a vécu dans son passé. Il y a l'éducation très protectrice qu' Éliette a subie, cette façon que ses parents avaient de l'entourer et à la fois de la brider en l'empêchant d'être elle-même. Elle a voulu agir à l'inverse avec ses enfants, mais la souffrance du passé est remontée à la surface.

Trois personnages attachants qui sont dans l'empêchement de dire ce qu'ils ressentent. Ils nous paraissent visibles et à la fois invisibles, restreints dans leurs corps, comme des bombes à retardement.                                                                                                                                      Est-ce qu'ils vont réussir à se parler, à se comprendre pour chasser les fantômes du passé ?

                                                                                                                                                          La temporalité du roman se forme en éclats, la romancière nous anime par une narration de la mémoire. Nathacha Appanah explore les conséquences de l'absence, l'enfermement intérieur, les silences qui durent, l'inquiétude qui détruit,                                                                            L'écriture de Nathacha Appanah est empathique, mouvante, on lit avec son esprit et son coeur. Les mots sont délicats même à travers la blessure, ils sont tatoués d'amour, de colère, de tristesse.

Un sublime roman, lumineux et bouleversant sur les relations familiales, sur la condition humaine, sur nos choix, sur le milieu carcéral, sur la limite entre le bien et le mal. Ne manquez pas cette pépite littéraire.

 

 

Extraits du roman :

 

"Il était une fois un pays qui avait construit des prisons pour enfants parce qu'il n'avait pas trouvé mieux que l'empêchement, l'éloignement, la privation, la restriction, l'enfermement et un tas de choses qui n'existent qu'entre des murs pour essayer de faire de ces enfants-là des adultes honnêtes, c'est-à-dire des gens qui filent droit."

 

"Mais toujours et encore, il y a les murs qui entourent, qui séparent, qui aliènent, qui protègent et qui ne guérissent pas les cœurs. Il y a les gens dehors, les gens dedans, histoires toutes tracées, histoires de déterminisme, accidents, hasards, la faute à pas de chance, coupables, innocent, et voilà ce monde, à nouveau, qui se dessine tel un tableau abstrait où il est difficile de trouver un visage ami, un être cher, de s'accrocher à un sentiment connu, une couleur préférée."

 

"Loup avait rêvé de sa sœur qu'il n'avait pas revue depuis des années et quand il s'était réveillé, son chagrin se tenait sur lui, comme un gros animal, et Loup avait eu l'idée de prendre la voiture de sa mère et de conduire jusqu'ici. Loup savait qu'il n'avait pas le droit de conduire jusqu'ici. Loup savait qu'il n'avait pas le droit de conduire mais sa sœur lui manquait tellement, c'est tout. Il n'avait pas le permis, il avait conduit prudemment jusqu'à l'entrée de la ville, où il s'était trompé de sens. Après, il y a eu tous les bruits, les cris, sa voiture dans le fossé. Et sa crise de nerfs quand les policiers sont arrivés aussi."

 

"La femme qui ne s'appelle plus Éliette rince ses mains et les place, encore mouillées, sur son visage. Elle tente d'éloigner ses souvenirs, le visage de ses parents, l'écho de la prédiction de la punk à chiens. Elle doit faire quelque chose pour Loup et elle n'a personne à qui demander conseil parce que les gens qu'elle croise, les gens à qui elle parle, les gens qu'elle affectionne, ne la connaissent pas vraiment. Ne la connaissent pas entièrement. À cet instant, devant son évier où la mousse chuinte encore, elle voudrait qu'on lui souffle une réponse, qu'on lui dise quoi faire et elle écouterait, promis juré."

 

"À quelle heure ce téléphone avait sonné ? 3 heures ? La voix qui l'avait informée du "délit grave" de son fils, arrêté à la sortie 16 du périphérique de C. : conduite sans permis et à contresens, un accident provoqué, deux personnes choquées, blessés peut-être on ne sait pas encore madame, heureusement qu'à cette heure il n'y a quasiment personne sur la route. Garde à vue, présentation auprès du juge des enfants demain, mandat de dépôt très certainement, faut voir madame, c'est le juge qui décide. Ensuite, la voix de Loup, au téléphone, avant même qu'elle gueule puisqu'elle aurait gueulé c'est sûr elle n'est pas du genre à dire mon pauvre chéri qu'est-ce qui s'est passé, mon petit amour pourquoi tu as fait tout ce chemin, où voulais-tu aller comme ça pauvre chou ? La voix de son fils dans le téléphone Je veux voir Paloma, seulement Paloma."

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