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Un blog où je vous fais partager mes chroniques littéraires, mes coups de coeur, j'essaie de mettre en lumière des romans, des livres qui semblent dans l'ombre. Je suis une amoureuse des mots assemblés, de ces personnages de romans que l'on croise, que l'on rencontre dans nos vies.Tous ces mots qui nous enveloppent sans cesse et que l'on n'ose pas dire, qu'on n' arrive pas à écrire, qu'on garde au fond de nous comme des larmes et qu'on retrouve dans les livres. Une page pour partager l'art littéraire, parce que l'art c'est ce qui nous fait respirer et qui nous sauve de tout.

06 Jul

Seuls les enfants savent aimer de Cali

Publié par Sansfin

Seuls les enfants savent aimer de Cali

Cali revient dans son premier roman sur son enfance bouleversée.Les mots nous coupent le souffle, ils ne sont plus recroquevillés, ils brisent le silence, ils cherchent de la lumière. C'est la voix tremblante d'un enfant dévasté par la mort de sa mère. Dans ce livre autobiographique, Bruno s'adresse à elle pour lui raconter tout ce qu'il ressent, ses souvenirs qui l'habitent, tout ce qu'il vit en imaginant qu'elle est toujours là pour le protéger. L'enfance perd son insouciance,vole en éclats. C'est une brèche qui se forme à l'intérieur et qui restera irréversible. Une douleur submersible aiguisée par le temps qui passe. Il y a la famille accablée, des rencontres liées au destin qui élève pour rester en vie, pour ne pas sombrer dans le vide.Un enfant qui a besoin d'amour, il est ballotté entre ceux qui souffrent mais tiennent debout pour lui donner de la force et ceux qui s'enferment dans le manque comme une morsure dans le ventre. Des questions tournent en boucle dans sa tête et les réponses sont la réalité, la réalité fait peur, la mort est injuste. On tient la main de ce garçon admirable et attachant tout au long du livre pour que la douleur s'atténue et qu'il apprenne à vivre avec. On est porté par cette histoire poignante au milieu d'un océan dans un bateau ivre. Une écriture brute, à la fois grave et douce. Comme le dit si bien Cali dans une de ses chansons : " Pensons à l'avenir ! "

Le premier roman de Cali est touchant,poétique,prometteur, il fait monter les larmes. À lire absolument

 

Extrait du roman :

 

"J'ai six ans. Et je suis seul à guetter depuis cette chambre plongée dans le noir. Ils vont bientôt revenir de là-bas, du chemin creux derrière l'église. J'ai six ans et j'attends. J'attends quoi ? Je ne sais pas. Que mon grand frère Aldo revienne.Qu'on s'amuse un peu.Je n'ai pas le droit d'être triste, non ? J'ai envie que ces volets s'ouvrent, envie de lumière, être sous le soleil de ton enterrement."

 

"Ils ont décidé de tout brûler. Papa n'y est pour rien. Il ne décide pas de grand-chose. Papa il est triste.Papa il est dévasté. Papa il est perdu. Papa il a perdu. Il nous l'a dit l'autre jour. Maintenant que tu n'es plus là, il ne va pas mourir tout de suite mais il va mourir jusqu'au bout."

 

"J'aimerais tant que la vie nous perde pour toujours. Égarés en un lieu que personne ne connaît. Un lieu où mourir heureux, le ventre déchiré d'amour. Je glisse vers ton autre joue, alors que la musique s'évanouit. Je veux crier;crier pour briser toute menace. Ne pars pas,de grâce.C'est tellement délicieux, cette heure infinie. J'en redemande, oui j'en redemande de cette beauté de vivre. Ah mon cœur, je sens qu'on l'arrache."

 

"Quelque chose avance, qui dévore petit à petit tout l'espace qui me sépare de toi. Ton absence gagne du terrain, encore. Je ne peux m'y résoudre. Rien que d'y songer, j'ai la bouche emplie de dégoût. Le ciel, ensuite la nuit, puis un ciel qui revient me narguer, et déjà il m'annonce une nuit qui pèse cent vies. Ces jours se succèdent, se ressemblent, et tu n'es pas là. Je ne supporte pas leur défilé idiot. Je suis né; ça n'a d'intérêt que pour suivre chacun de tes pas. C'est le bon sens, le sens de la vie. À quoi bon si je ne peux pas te parler de mes joies et de mes souffrances? Pourquoi les affronter sans toi ? Il y a un passage secret au bout du jour. Les enfants parviennent toujours à le trouver. Il mène à un lieu sacré; on y confesse tout. Il a la forme parfaite d'un nid, le nid des bras de sa maman chérie. Quelque chose s'est effondré. Le passage n'est plus accessible; on ne distingue plus rien. J'en ai même perdu la trace. On me l'a volé, il est définitivement bouché."

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