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Un blog où je vous fais partager mes chroniques littéraires, mes coups de coeur, j'essaie de mettre en lumière des romans, des livres qui semblent dans l'ombre. Je suis une amoureuse des mots assemblés, de ces personnages de romans que l'on croise, que l'on rencontre dans nos vies.Tous ces mots qui nous enveloppent sans cesse et que l'on n'ose pas dire, qu'on n' arrive pas à écrire, qu'on garde au fond de nous comme des larmes et qu'on retrouve dans les livres. Une page pour partager l'art littéraire, parce que l'art c'est ce qui nous fait respirer et qui nous sauve de tout.

22 Feb

Les heures souterraines de Delphine de Vigan

Publié par Sansfin

Les heures souterraines de Delphine de Vigan

Dans son roman " les heures souterraines " Delphine de Vigan met en scène une femme et un homme projetés dans une ville où les gens se croisent, se frôlent, se regardent sans se parler. Mathilde est persécutée psychologiquement par son supérieur au travail jusqu'à ce qui lui fasse perdre insidieusement le sens de la vie, le sens de ses envies, de ses plaisirs.Thibault perd l'équilibre dans une histoire avec une fille qui ne lui offre rien de ce qu'il attend, elle lui donne quand leurs deux corps sont affamés, enlacés et puis elle reprend tout. C'est la chorégraphie de deux funambules qui vivent à contre-courant, ils n'ont pas de place pour le plaisir dans un monde qui a été bâti pour survivre. Deux êtres en apnée qui cherche la vie et le bonheur au milieu de la foule, il aimerait qu'on leur tienne la main vers la lumière pour ne plus avoir peur. Un roman sur le harcèlement, sur les relations éphémères puisque l'amour se mesure à la raison. Une écriture sombre où la réalité a le goût de fatalité. Du très grand Delphine de Vigan comme toujours. À lire absolument

 

Extraits du roman :

 

" Elle a rêvé. Elle a rêvé de cette femme qu'elle a vue il y a quelques semaines, une voyante, oui, voilà, sans châle ni boule de cristal, mais une voyante quand même. Elle a traversé tout Paris en métro, s'est assise derrière les rideaux épais, au rez- de chaussée d'un immeuble du seizième arrondissement, elle lui a donné cent cinquante euros pour qu'elle lise dans sa main  et dans les nombres qui l'entourent, elle y est allée parce qu'il n'y avait rien d'autre, pas un filet de lumière vers lequel tendre, pas un verbe à conjuguer, pas de perspective d'un après . Elle y est allée parce qu'il faut bien s'accrocher à quelque chose."                       ( Mathilde )

 

" Il espère lui manquer, comme ça, d'un seul coup. Un vide vertigineux qu'elle ne pourrait ignorer. Il espère qu'au fil des heures elle soit gagnée par le doute, qu'elle prenne peu à peu la mesure de son absence. Il voudrait qu'elle se rende compte que jamais personne ne l'aimera comme il l'aime, par- delà les limites qu'elle impose, cette solitude fondamentale qu'elle oppose à ceux qui l'entourent mais n'évoque qu'à demi-mot." ( Thibault )

 

" Il est fatigué. Il aimerait qu'une femme le prenne dans ses bras. Sans rien dire, juste un instant. Se reposer, quelques secondes, prendre appui. Sentir son corps se relâcher. Parfois, il rêve d'une femme à qui il demanderait : est- ce que tu peux m'aimer ? Avec toute sa vie fatiguée derrière lui. Une femme qui connaîtrait le vertige, la peur, la joie. Est- ce qu'il pourrait aimer une femme ? Maintenant . Est-ce qu'il pourrait désirer une autre femme : sa voix, sa peau, son parfum ? Est- ce qu'il serait prêt à recommencer, encore une fois ? Le jeu de la rencontre, le jeu de la séduction, les premiers mots, le premier contact physique, les bouches et puis les sexes, est- ce qu'il a encore de la force ? Est-ce qu'au contraire, il est amputé de quelque chose ? Est-ce que dorénavant quelque chose lui manque, lui fait défaut ? Recommencer. Encore. Est-ce que cela est possible ? Est-ce que cela a un sens ? " (Thibault) 

 

" Il y a des journées fluides, où les choses se suivent, s'enchaînent, où la ville lui ouvre le passage, se laisse faire. Et puis des jours comme celui-ci, chaotiques, harassés, où la ville lui refuse toute évidence, où rien ne lui est épargné. Ni les embouteillages, ni les déviations, ni les les livraisons interminables, ni les difficultés pour se garer. Des jours où la ville est si tendue qu'il lui semble, à chaque carrefour, que quelque chose peut arriver.Quelque chose de grave, d'irréparable." ( Mathilde )

 

" Aujourd'hui, le 20 mai, parce qu'elle est arrivée au bout, au bout de ce qu'elle peut supporter, au bout de ce qu'il est humainement possible de supporter.C'est écrit dans l'ordre du monde. Dans le ciel liquide, dans la conjonction des planètes, dans la vibration des nombres. Il est écrit qu'aujourd'hui elle serait parvenue exactement- là, au point de non-retour, là où plus rien de normal ne peut modifier le cours des heures, là où rien ne peut advenir qui ne menace l'ensemble, ne remette tout en question. Il faut que quelque chose se passe. Quelque chose d'exceptionnel. Pour sortir de là. Pour que ça s'arrête." ( Mathilde )

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