Détenu recherche plume facile pour relation légère de Laure Delmas et Thomas Gauthier

Détenu recherche plume facile pour relation légère est un récit autobiographique magnifique, émouvant et surprenant. Une histoire vraie, une leçon d'humilité, de compassion. C'est la correspondance de Thomas un détenu incarcéré à la prison de Val-de-Reuil et Laure qui a répondu à l'annonce qu'il avait publié et qui l'a touchée. Une correspondance intelligente, philosophique et psychologique où ils n'ont pas peur de se dire la vérité quitte à prendre le risque que la voix de l'autre s'éteigne. Des tonnes de questions et de réponses marquaient par un certain talent littéraire. Ils dépeignent leurs journées, elle de l'extérieur et lui de l'intérieur avec sa soif de liberté.Thomas nous fait découvrir l'univers carcéral avec ses yeux. On ressent leurs états d'âmes, leurs souffles, ballotté entre leur quotidien et leur changement d'humeur. Le virtuel fait écho aux sentiments qui montent au fil des échanges. Une relation qui se dessine sur un ton grave et lumineux. Une écriture ludique et riche de références culturelles éblouissantes. Au fil des pages, on découvre ce qu'ils sont, ce qu'ils aiment, leurs raisons de vivre, leurs rêves. On tombe amoureux de ces deux personnages. On est épris par leurs mots, comme eux on est dans l'attente de savoir comment les prochaines scènes se dérouleront . On a l'impression de tenir la caméra et de filmer leurs pas. Un livre unique à découvrir absolument.

Extraits du récit :

Laure :

" Ce n'est pas simple pour moi de jouer la carte de la transparence, je ne sais pas si je fais bien, mais j'aime l'impudeur des réflexions et des émotions. J'aime l'idée que l'on puisse tout dire. Trop de gens se cachent derrière des ersatz de bonheur édulcoré, surtout durant cette période de fêtes, alors revendiquons le droit d'être parfois triste, parfois gai, parfois inquiet, mais d'être toujours soi-même. "

"Je n'arrive pas à me souvenir de ce qui m'aurait faire rire dans les derniers temps. Si ce n'est des rires ironiques ou forcés. Je ne crois pas avoir eu la chance de rire d'un rire joyeux et naturel depuis mon incarcération, et aussi loin que ma mémoire puisse me ramener, je ne le trouve pas. Non pas que je sois d'une tristesse mélancolique, mais je pense que je le retrouverai qu'une fois sorti de ces murs. Car je suis d'un naturel joyeux, fêtard et un peu facile à la plaisanterie, mais l'endroit ne s'y prête pas. Peut-être m'apporterez-vous mon premier rire ! "

" J'ai une drôle de sensation, là tout de suite, j'ai l'image de deux personnes qui sont chacune sur une rive. Au milieu se trouve une rivière dont on ne peut pas vraiment mesurer la largeur. Et chaque personne construit comme elle peut, un pont en direction de l'autre. On ne peut pas savoir si les deux ponts vont se rejoindre parce que, en fait, cela dépend de ce que chacun a dans le ventre. En même temps, l'énergie que dépense l'un profite à l'autre et le motive dans sa réalisation. En cela, c'est une bonne chose parce que chacun donne le meilleur de lui-même et la finalité se trouve peut-être là plus que dans le pont ! "

" Mon idéal de vie : C'est très simple et très compliqué à la fois. J'aimerai me coucher tous les soirs en pensant que j'ai fait quelque chose de bien dans la journée. J'ai un besoin maladif d'être satisfaite de moi. Ce que je fais n'est jamais assez bien. Mon idéal serait de combler ce besoin avant de me laisser tenter par l'aventure de la jolie maison avec un type aux grande épaules et quelques têtes blondes. "

Thomas :

" Pour répondre à votre question, la personne qui compte le plus à mes yeux, de par sa gentillesse, sa complicité, sa générosité, et surtout son accompagnement écrit et physique depuis ces sept années de détention. J'aurais aussi pu répondre ma sœur de Sabine, qui elle aussi est toujours présente, avec la complicité qui nous unit, et pour différentes raisons que j'aurais peut-être le loisir de vous dévoiler au fil du temps. Mais une maman reste une maman , et quoi qu'il arrive, je pense qu'elle sera toujours la personne la plus proche de moi. Le temps et le futur feront que les choses changeront, mais dans l'immédiat, elle s'impose en tant que telle."

" Toi aussi, tu dois te demander comment il est possible de vivre au rythme des clés et des rondes, avec la certitude au réveil que cette nouvelle journée qui commencera sera la copie exacte de celle qui s'est terminée, au même endroit où tes yeux se sont fermés. "