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Un blog où je vous fais partager mes chroniques littéraires, mes coups de coeur, j'essaie de mettre en lumière des romans, des livres qui semblent dans l'ombre. Je suis une amoureuse des mots assemblés, de ces personnages de romans que l'on croise, que l'on rencontre dans nos vies.Tous ces mots qui nous enveloppent sans cesse et que l'on n'ose pas dire, qu'on n' arrive pas à écrire, qu'on garde au fond de nous comme des larmes et qu'on retrouve dans les livres. Une page pour partager l'art littéraire, parce que l'art c'est ce qui nous fait respirer et qui nous sauve de tout.

11 Jan

Éparse de Lisa Balavoine

Publié par Sansfin

Éparse de Lisa Balavoine

Dès les premières pages du premier roman de Lisa Balavoine, on se sent épris par son histoire, on reconnaît celle de chacun d'entre nous. C'est un roman autobiographique mais j'ai cette nette sensation que l'auteur transmet plus qu'elle raconte. L'auteur rassemble les morceaux de son existence et ce sont les nôtres qui se mettent à s'éveiller sous sa plume. Il y a ce qu'elle vit à travers ses questions et ses choix, l'énumération des souvenirs, les premières fois éphémères, les deuils à faire, la peur du temps qui passe, les rêves endormis comme une radiographie des sentiments. Lisa Balavoine confie ses émotions comme dans un journal, coloré par des photographies qu'on imagine et de la musique qui résonne dans nos têtes, C'est comme un effet miroir, une forme de vie qui se lie à des éclaboussures de mots fragiles et tendres, singuliers et ordinaires, joyeux et malheureux. C'est la pudeur de l'auteur qui s'exprime avec des mots assoiffés de liberté, fécondés par la mémoire.

Lisa Balavoine bouleverse l'âme des lecteurs, ses mots sincères flottent au-desssus de nos vies, de ce vide qui prend parfois toute la place. Un livre qui met de la lumière sur notre conscience pour apprendre à nous aimer et être indulgent avec nous-mêmes quelle que soit la vie qu'on mène, il est important de tout assumer. Tout n'est pas figé, l'acceptation fait partie de la métamorphose. Son écriture est touchante, subtile, poétique, mélancolique. Un très beau roman universel à ne pas manquer. De la belle littérature qui prend la trajectoire du monde littéraire.

 

Extraits:

 

"Il serait question d'aimer, il serait question de raconter. C'est ce qui se fait de nos jours, raconter. Mettre en mots. Encrer. Déverser. La sueur, la moelle, le sang. Le beau comme le sale. Ce qui brûle là, au-dedans. Le vivant. Des histoires de rien, brodées de petits motifs, ajustées aux entournures, un peu lâches par moments. Des histoires de rien, parce que le beaucoup ce n'est pas mon fort, parce que le plein je le connais mal, parce que je ne connais que le bancal, le boiteux, le casse-gueule, le branlant. Des histoires de rien, parce que je ne vise pas bien loin, parce que je me contente de peu, parce que je n'ambitionne pas de voir grand. Des histoires qui ne font pas de bruit et des histoires qui claquent. D'autres qui rythment une vie. Il faudrait que quelqu'un me dise par où commencer: je ne veux pas d'un début qui soit un commencement, je préférerais un début qui serait une fin et puis qui recommencerait, à l'envers, à rebours, à reculons. Une histoire qui se plante de trajectoire. Une histoire qui ne va pas tout droit. Je pourrais sans doute parler de moi."

 

"Je l'aimais. Je ne le lui disais pas. Pas assez. Pas comme il aurait fallu. J'avais peut-être regardé trop de films et lu trop de livres. Je pensais que l'amour devait tout bouleverser. Je me trompais, je ne le savais pas. Je ne mesurais pas son respect, sa patience avec moi, sa bienveillance. Je me fabriquais des manques. Je m'inventais des vides. Je m'attachait à des chimères. Je ne voyais pas son amour posé là, à hauteur de mes yeux, de mes épaules et de ma bouche. Je ne voyais rien. Je m'aveuglais. Un matin, je ne suis pas parvenue à me lever. Je ne savais plus comment aimer."

 

"Il faudrait pouvoir rencontrer les gens vierges de toute histoire. Il faudrait qu'il n'y ait rien d'autre que des pages blanches à remplir, du vide à combler, du temps à inventer. Il faudrait qu'il n'y ait rien d'autre que notre vie qui démarre, qu'elle s'émeuve de son propre souffle, qu'elle soit salie par rien, entachée par personne, libre de toute entrave. Il faudrait qu'il n'y ait rien d'autre que la peau, la voix, les regards, les musiques, les souvenirs neufs et la lumière de chaque matin. Il faudrait peut-être qu'il n'y ait rien avant. Il faudrait peut-être qu'il n'y ait rien. Rien. Mais alors cela ne serait pas la vie, nous ne serions pas des gens de quarante-ans, des enfants au bout des bras, des existences cabossées, des plaies mal refermées. Mais alors il n'y aurait pas ces amours déclinantes, ces amours déchirantes, ces amours dont on ne se libère pas tout à fait, ces amours mortes qui n'en finissent pas de mourir et nous retiennent de partir. Mais alors il n'y aurait pas ces ratés, ces désillusions, ces incertitudes, ces douleurs, ces frustrations, ces chagrins, ces ruptures, ces abandons. Mais alors cela ne serait pas la vie. Cela ne serait rien. Rien. Parfois je rêve de gommer les ratures pour écrire par-dessus au crayon de papier. Je rêve que tout est plus simple. Et puis je me réveille."

 

"On cherche les lignes droites, mais elles sont éparses et on doit se résoudre à suivre le mouvement."

 

 

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